
Baptiste Rabichon, Verbatim – 02, 2023
courtesy Galerie Binome
tirage chromogénique sur papier RC
pièce unique – 127 x 70 cm

Baptiste Rabichon, Verbatim – 15, 2023
courtesy Galerie Binome
tirage chromogénique sur papier RC
pièce unique – 127 x 80 cm

Baptiste Rabichon, Verbatim – 01, 2023
courtesy Galerie Binome
tirage chromogénique sur papier RC
pièce unique – 80 x 127 cm
Dans la lignée de Blue Screen of Death (photogrammes doublement exposés à la lueur de l’agrandisseur et du smartphone), Baptiste Rabichon s’obstine à sonder les rapports possibles entre les différentes méthodes de production d’image avec sa nouvelle série, Verbatim.
Si l’artiste nous a habitué aux rencontres incongrues entre analogique et digital, il nous en livre ici l’une des plus simples sans doute, mais aussi l’une des plus troublantes.
Consistant à première vue en de banales reproductions de prises de vues – qu’on devine réalisées au téléphone par leur format allongé et leur trivialité – les œuvres de la série Verbatim, quand on s’en approche, laissent apercevoir des milliers de petits points colorés qui évoquent l’offset ou la sérigraphie mais qui ne sont autres que les diodes composant l’écran du smartphone producteur de l’œuvre en question.
Un regard plus appuyé décèlera des irrégularités au sein de cette trame. C’est que Baptiste, sans se soucier des traces de doigts, poussières ou autres impuretés, a placé directement son téléphone allumé dans un agrandisseur photographique devant lequel il a disposé une feuille de papier photosensible.
La lumière de l’écran traversant l’optique insole ainsi le papier de l’image qu’il diffuse.
Verbatim est donc une collecte physique de ce qui se passe sur notre écran, le résultat fidèle de l’entretien entre l’outil photographique le plus utilisé aujourd’hui et l’un de ceux en voie d’extinction.
Série fleuve entamée il y a quelques mois, Verbatim est réalisée dans l’urgence. Urgence d’une rencontre entre deux ères qui ne sera bientôt plus possible en raison de l’inéluctable disparition de la photographie analogique couleur. Pourtant, renversant l’habituelle nostalgie associée à l’imagerie argentique, ce sont bien ces petites vignettes numériques prises au smartphone dont Baptiste Rabichon révèle la fragilité.
En effet, la photographie numérique est un texte, incompréhensible certes pour le commun des mortels, mais parfaitement décodé puis transcris en image par les multiples logiciels de nos ordinateurs et téléphones portables. Le titre de la série Verbatim fait écho à cette retranscription, tout comme la célèbre marque Verbatim, spécialisée dans la conservation de fichiers numériques sur supports physiques (cd, dvd, clés usb…).
Que restera-t-il dans quelques décennies des milliards d’images prises quotidiennement durant les premières années du XXIème siècle ? Lorsque jpeg sera un format antédiluvien et que les connectiques usb ne seront plus fabriquées depuis des lustres ?
Toutes ces images fugaces, vues d’atelier, natures mortes, selfies, photos de sa compagne, l’artiste, par sa technique d’agrandissement (toutes les pièces sont uniques et de grand format), les transforment en tableaux. Quelque chose de classique se dégage, nous sommes face à un monument.

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (124), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (095), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (122), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm – épuisé

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (024), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (109), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (064), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (055), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (015), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (119), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm – épuisé

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (059), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (099), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (097), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (121), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (123), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (149), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (156), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (157), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (161), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (163), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (167), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm

Baptiste Rabichon, Blue Screen of Death (178), 2022, courtesy Galerie Binome
Photogramme
encadrement sous double verre et baguettes aluminium
pièce unique (+1EA) – 40 x 30 cm
Au sein d’un corpus de photogrammes (en couleurs et transparents) d’objets en tous genres, vient s’inviter, d’image en image, un étrange intrus ; l’entêtante et inévitable empreinte d’un smartphone déversant son contenu sur le papier photosensible par contact direct. Comme si cet objet venait parasiter jusqu’au geste de l’artiste, comme s’il ne pouvait plus y avoir d’œuvre sans sa présence…
Chaque œuvre de la série Blue Screen of Death est donc contaminée par le flux de l’écran comme l’est déjà de fait, chaque instant de la vie. Chaque œuvre doit donc « faire avec », composer avec cette nouvelle donnée, exactement comme nous devons, In Real Life, faire avec.
Les œuvres de la série Blue Screen of Death sont transparentes et présentées dans un encadrement entre deux verres. Le regard traverse donc ces images, ces fenêtres ouvertes sur le monde qu’elles sont censées représenter, avant de rencontrer un mur, derrière la vitre.
Baptiste Rabichon

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Boulogne le marais juin 1913, série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 126 x 250,5 cm

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Boulogne la neige 1916, série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 241 x 126 cm

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, sans titre 3, série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 200 x 126 cm

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Boulogne le jardin japonais 1911, série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 126 x 188,5 cm

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Chrysanthème 1910, , série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 126 x 184,5 cm

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Boulogne jardin à la française 1911, série Les intermittences du cœur, 2019, courtesy Galerie Binome
épreuve chromogène par contact d’après autochrome (circa 1910-17) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne
édition de 3 (+3EA) – 126 x 181,5 cm
Performance en laboratoire développée à quatre mains par Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche, Les intermittences du coeur sont une série d’épreuves chromogènes tirées à partir d’autochromes originaux, par définition irreproductibles. Par delà le défi technique que représentent ces grands tirages analogiques couleur, le binôme joue sur la magie de la révélation à plus d’un titre, exaltant d’intimes rapports à l’image. Une folle aventure photographique, à l’instar de celles qui ont construit l’Histoire de la photographie depuis ses origines, entre invention et passion.
« Le projet de Laroche et Rabichon n’est pas seulement de l’ordre d’un défi ; il procède d’un véritable détournement de la nature canonique du photographique, tant le fait de créer un négatif à partir des autochromes est proprement contre-nature. C’est générer une stase, ajouter une étape à l’histoire d’un mode qui se voit soudainement augmenter, de façon quasi iconoclaste, par la fabrication d’un artefact. Un négatif potentiellement réutilisable – un « multiple », en quelque sorte. Si quelque chose de subversif est à l’œuvre dans cette manière dont les deux photographes ont abordé la réalisation de cette série, leur posture s’inscrit pleinement dans la tradition d’un Man Ray quand il invente les rayogrammes ou d’un Paolo Gioli, combinant pellicule Polaroïd, sténopé et report sur papier. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », proclamait en son temps Lavoisier. Le principe même de la création trouve dans cette formule toute sa justification et Les Intermittences du cœur en sont une nouvelle illustration. »
[extrait – Les Intermittences du cœur, la photographie en question par Philippe Piguet – septembre 2020]

Baptiste Rabichon, Chirales (#001), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
contrecollage sur Dibond, encadrement aluminium sous verre
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, (#002), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#007), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#010 bis), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#012), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#016), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm – épuisée
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#018), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#023), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#029), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm – épuisée
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#030), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm – épuisée
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#032 ter), série Chirales, 2014-2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, Chirales (#041), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – édition unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – édition unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – édition unique – 2x 59,4×42 cm – épuisée
édition A4 – édition unique – 2x 29,7×21 cm – épuisée
(+2EA)

Baptiste Rabichon, (#045), série Chirales, 2014- 2019, courtesy Galerie Binome
impression jet d’encre pigmentaire sur papier RC Satiné Lumière Bonjet
édition A0 – pièce unique – 2x 118,9×84,1 cm
édition A1 – pièce unique – 2x 84,1×59,4 cm
édition A2 – pièce unique – 2x 59,4×42 cm
édition A4 – pièce unique – 2x 29,7×21 cm
(+2EA)
« Dans le cadre des Chirales, Baptiste Rabichon emploie un dispositif relativement astucieux : deux scanners qui se font face sont appelés à se scanner mutuellement. Dans le déroulement de l’opération, un mince écart est maintenu entre les deux appareils, tandis que des motifs de peinture acrylique, préalablement apposés sur les surfaces, sont balayés par le passage de la lumière. Deux images apparaissent alors comme l’avers et le revers d’une même réalité. La notion de chiralité, à cette occasion, est davantage une allusion qu’une propriété attribuable aux deux images. S’il y a bien une réciprocité dans les physionomies, un trait de peinture pouvant être perçu à la fois de face et de dos, elles ne sont cependant ni symétriques ni superposables l’une à l’autre. Or, à défaut de trouver une appellation plus appropriée, le principe de chiralité est malgré tout ce qui traduit le mieux le dispositif mis en place. Aussi cette difficulté à nommer est-elle symptomatique du travail de Baptiste Rabichon, dans la mesure où ce qu’il entreprend semble ne pas avoir d’antécédent, de la même façon que ces images possèdent une complexité inhérente qui rend nécessaire la mise en évidence d’au moins deux particularités.
On remarque tout d’abord, d’un point de vue visuel, que ces images abondent vers un univers graphique qui n’est pas sans évoquer la peinture expressionniste, avec ses couleurs vives et ses gestes francs, sa spontanéité et son caractère élusif. Toutefois, en certains endroits, le rayon lumineux du scanner, mais aussi les doigts de l’artiste, sont visibles. Ils permettent de rappeler la nature résolument photographique du dispositif, ainsi que la possibilité pour l’observateur de situer une échelle de grandeur, notamment au regard des différents formats proposés. Une série de contradictions est donc mise en œuvre ; on perçoit en effet une opposition entre la peinture et la photographie, entre la singularité de la main et le fonctionnement mécanique de l’appareil, entre une visibilité quelque peu abstraite et une technique qui, en un sens, aspire à restituer le réel avec fidélité. Plus qu’une série de distinctions, peut-être serait-il plus juste d’affirmer des imbrications et des complémentarités entre des pôles réputés contraires. C’est ce qui permettrait d’identifier un travail de peinture qui prendrait appui sur des outils photographiques, tout comme il pourrait s’agir d’un travail de photographie qui aurait entrepris de méditer sur des techniques de capture lumineuse à partir de matériaux issus, eux, de la peinture.
En second lieu, on relève avec les Chirales la nécessité de penser l’image non tant comme un reflet de la réalité, mais comme une entité à part entière close sur elle-même, échappant du même coup à la nécessité d’avoir du sens. D’un côté en effet, le dispositif du scanner produit des images de façon automatique et autonome ; les enregistrements fonctionnent pour ainsi dire à l’« aveuglette », sans intention ni discernement, pourvu que la mécanique s’enclenche. Si cet aspect est valable pour tout type d’appareil de captation et de restitution visuelle opérant de façon automatisée, comme la photographie, la vidéo ou d’autres dispositifs numériques, dans le cas présent, en renvoyant aux possibilités techniques du scanner, de telles images affirment que le « médium est le message », car elles ne se soucient que très peu de la nature précise de ce qui est scanné. Aussi, d’un autre côté, en mettant face à face ces deux scanners, un peu comme des miroirs qui se reflèteraient à l’infini, le dispositif employé par Baptiste Rabichon finit par conforter cette absence d’ouverture sur l’extérieur. Les images pourraient alors se citer mutuellement, en une sorte de vertige, comme si elles avaient surgi du néant, ou comme si elles accédaient à des grandeurs infinies.
Aussi faut-il à nouveau insister sur les interventions manuelles de Baptiste Rabichon auprès des scanners. En y introduisant de la peinture, de la couleur et de la matière, mais surtout en choisissant un langage plastique comparable à l’art pictural abstrait, on peut, à propos des Chirales, percevoir une sorte de mise en abîme : l’absence technique de sens répond, en effet, à l’absence visuelle de sens. Toutes deux disent l’insondable, et toutes deux disent en même temps qu’il existe dans l’insondable même, quelques nuances. La chiralité, d’ailleurs, ne renvoie-t-elle pas à un dialogue entre le même et le différent ?
Voici alors un ultime rebondissement dans un travail qui ne manque pas de perspicacité. Il est vrai que les œuvres de Baptiste Rabichon sollicitent une observation des plus réfléchies, par leur capacité à ramifier leurs implications et leurs enjeux. Or, on en oublierait presque l’essentiel, à savoir, le plaisir d’observer les images telles qu’elles se présentent à notre regard, et la délectation qui se dessine dans l’esprit de l’inventeur lorsqu’il examine le fruit de ses expériences. En effet, en plus de constituer des exercices de pensée, les Chirales semblent avant toute chose motivées par une absolue curiosité pour des images qui n’existent pas encore, ainsi que par leur potentiel esthétique. Autrement dit, Baptiste Rabichon n’est pas seulement une sorte de touche-à-touche un peu bricoleur dont les questionnements affleurent à la métaphysique des images et de la perception, il est, prioritairement, un artiste. »
[texte] Julien Verhaeghe, « Double exposition », Galerie Binome, février-mars 2019

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – 58×42,5 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 42×58 cm
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

Baptiste Rabichon, série Orly, 2017, courtesy Galerie Binome
pièce unique – environ 58×42 cm – vendue
épreuve chromogène sur Kodak Duraclear, encadrement noir, double verre

« Ne jamais en faire un substantif », Panorama 19, Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, septembre 2017
« Contemporaine du développement des grandes métropoles mondiales, la photographie instantanée a entretenu des relations étroites avec la ville en documentant ses usages, en célébrant sa poésie. Avec sa série d’images intitulée Orly, l’artiste Baptiste Rabichon poursuit cette relation complice du medium photographique avec la ville.
L’artiste détourne l’usage des scanners de l’aéroport d’Orly destinés à surveiller les contenus de nos bagages. Il crée des images dont la planéité, la vivacité des couleurs et des contours évoquent les codes de la signalétique ou de la publicité qui intéressèrent par le passé les artistes du pop art américain. Le contour marqué de la banette à objets contrôlés par le scanner peut évoquer un plateau repas de self-service ou de fast food, rituel alimentaire du citadin répondant à la densité de son emploi du temps et à l’accélération de ses déplacements. Devenus aériens sous les effets du rayon X, les objets dépourvus de gravité, d’où émanent parfois des effets de tremblé, semblent épouser ce rythme toujours plus effréné où se coulent les flux dématérialisés des outils connectés qui tissent nos rapports sociaux.
L’artiste fait ici se rencontrer différentes facettes historiques de la photographie. Elle fut employée dès ses origines comme un outil de surveillance et de contrôle des circulations de personnes et de biens par les services d’état civils, de la police criminelle ou des transports.
La photographie a également été utilisée pour la recherche scientifique, elle a pour la première fois permit de reproduire et de fixer ce que l’homme ne voit pas. La découverte des rayons X par Wilhelm Conrad Röntgen dans la dernière décennie du XIXe siècle a entraîné l’essor de la radiographie.
Dans ces œuvres réalisées avec les scanners de l’aéroport d’Orly, la couleur des objets est liée à la densité des matériaux traversés par les rayons X. Du bleu pour les matériaux denses et potentiellement dangereux, à l’orange pour les matériaux organiques et inoffensifs. Usée à des fins poétiques par Baptiste Rabichon, cette machine de surveillance nous interroge sur notre vision, notre perception d’une part infinitésimale du spectre de la lumière. Les images obtenues par contact d’un objet sur une surface rappellent aussi les expérimentations plastiques qu’effectua Man Ray avec ses photogrammes.
Ce trait d’union entre l’historique et le contemporain apparaît aussi dans la façon dont ces œuvres ont été élaborées. Baptiste Rabichon a ici mélangé des moyens d’expression d’époques différentes : l’analogique et le numérique, le photogramme et les rayons X. En s’intéressant aux propriétés physiques et sensorielles de la machine, il fait depuis cette technique un art, un objet élaboré par étapes plutôt qu’une simple surface d’enregistrement. Il fait ainsi se rencontrer des techniques anciennes et récentes pour composer des natures mortes d’un genre nouveau. »
[texte] Marguerite Pilven, critique d’art, membre de l’AICA
« À la croisée de la chambre noire et de l’écran d’ordinateur, de la chimie et du pixel, Baptiste Rabichon expérimente de nouvelles manières de produire des images. Les travaux qu’il présente à Panorama 19 hybrident analogique et numérique, actualisent les techniques primitives de la photographie sans appareil et détournent des technologies de pointe. Souvent composées de plusieurs couches correspondant à autant d’actions différentes et successives, les images de Baptiste Rabichon entendent rendre visible une réalité qui échappe à l’œil humain ou à l’optique photographique. C’est pourquoi il retire ou obture l’objectif de son appareil et réalise des photogrammes numériques reproductibles aux évocations cosmiques en soumettant la cellule photosensible au contact direct d’une bille, à des lasers ou à des rayons X. Ces derniers témoignent des travaux de Baptiste Rabichon autour d’un scanner d’aéroport dont il subvertit la finalité sécuritaire pour en découvrir le potentiel artistique et obtenir des natures mortes d’objets translucides et des photographies abstraites entre aléatoire et répétition. Dans leur diversité formelle, les recherches tous azimuts de Baptiste Rabichon semblent ainsi avoir pour dénominateur commun la formule énnoncée par Vilém Flusser dans Pour une philosophie de la photographie (1996) : « Être libre, c’est jouer contre les appareils. »
[texte] Étienne Hatt, à propos de l’exposition « Ne jamais en faire un substantif », Panorama 19, Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, septembre 2017