Thibaut Brunet, 17/05/2012 18:00, série Vice city, 2007-13, courtesy Galerie Binome

Vice City

Mois de la Photo - solo show

26/​10 - 24/​11/​12
avec la colla­bo­ra­tion de Natha­lie Hersch­dor­fer

Call of duty : Modern warfare est le nom d’un jeu vidéo que Thibault Brunet a prati­qué en gamer assidu. Un appa­reil photo donné à son avatar dans le cadre d’une mission de combat en Afgha­nis­tan lui fait fina­le­ment lâcher snip­pers et mitraillettes pour enta­mer une libre explo­ra­tion de l’es­pace du jeu dont ses images témoignent.
Entiè­re­ment réali­sées à l’in­té­rieur de jeux vidéo, les photo­gra­phies de Thibault Brunet explorent des paysages et mettent en scène des person­nages virtuels dans des situa­tions pure­ment imagi­naires. Un réalisme confon­dant se dégage pour­tant de ces images qui simulent la photo­gra­phie de portraits (série First person shoo­ter), le repor­tage de guerre (série Land­scape), les vues urbaines ou d’ar­chi­tec­ture. Faux-semblants d’hu­ma­nité et simu­lacres four­nissent les ressorts narra­tifs de ces images. Embar­qué dans un monde recons­ti­tué, l’œil est à la fois déso­rienté et fasciné. Thibault Brunet parvient ainsi à déve­lop­per une forme singu­lière de dépay­se­ment. Sa série Vice City s’ins­crit en contra­dic­tion avec l’uni­vers exci­tant du jeu vidéo puis­qu’elle s’at­tache aux seuls décors, invi­tant à leur contem­pla­tion. Obser­va­teur soli­taire de ces toiles de fond igno­rées des joueurs, trop occu­pés par leurs avatars, Thibault Brunet réalise un singu­lier carnet de voyage, livrant des tableaux ambi­gus de ces zones de non-jeu. L’es­thé­tique contre-nature de ses images opère un croi­se­ment entre défi­ni­tion digi­tale et tradi­tion pictu­rale. Thibault Brunet ne se comporte t-il pas un comme un peintre lors­qu’il nimbe de nuages les paysages avec la palette graphique inté­grée au jeu ? En choi­sis­sant pour titres de ses images l’heure et la date de leur prise de vue, il reprend aussi la notion d’ins­tant déci­sif propre à la photo­gra­phie. Hybrides, ses œuvres balancent entre arti­fice et réalité. Réali­sée avec la colla­bo­ra­tion de Natha­lie Hersch­dor­fer, histo­rienne de la photo­gra­phie, l’ex­po­si­tion « Vice City » à la Gale­rie Binome présente une tren­taine de paysages et de vues urbaines. La photo­gra­phie de portrait est égale­ment présente avec une sélec­tion issue de la première série First person shoo­ter. Les tirages de petites dimen­sions prennent le contre-pied du gigan­tisme des formats contem­po­rains, inci­tant le spec­ta­teur à se rappro­cher. Il décèle alors le rendu numé­rique derrière l’ap­pa­rence pictu­rale. La rela­tion à l’écran d’ori­gine est ainsi réta­blie.

Dans le cadre du Mois Euro­péen de la Photo 2012, Thibault Brunet est aussi présent au Computer Spiele Museum à Berlin et au MUSA à Vienne.