En deux volets, l’exposition à l’Hôtel de l’industrie, soutenue par la Galerie Binome, explore l’histoire de la photographie et la matérialité du médium. Ou comment la mémoire d’un lieu ou d’un idéal s’inscrit dans les grains argentiques de l’image ?
Une origine du monde des images. La Caverne des Lumière de Pierre-Jérôme Jehel s’inspire des premières expériences des frères Lumière en 1877 sur la côte bretonne dans la grotte de La Goule aux Fées. Une réflexion sur l’image, mêlant rêve et réalité, qui parcourt les principes de la photographie jusqu’à la 3D. « Pourquoi la Goule aux fées ne serait-elle pas le lieu secret où s’est inventé le régime moderne d’iconicité ? », suggère en regard l’historien Alain Rauwel. La série s’accompagne d’un livre publié chez Filigranes ainsi qu’un film expérimental Les archives imaginaires, réalisé avec Fabrice Laroche dont est tirée une sélection de photogrammes.
Performance en laboratoire de Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Les intermittences du coeur, exposé à la Galerie Binome en 2021, est une série d’épreuves chromogènes tirées à partir d’autochromes des jardins d’Albert Kahn. Par-delà le défi technique, le duo joue sur la magie de la révélation, exaltant d’intimes rapports à l’image, et « procède d’un véritable détournement de la nature canonique du photographique, tant le fait de créer un négatif à partir des autochromes est proprement contre-nature », souligne le critique d’art Philippe Piguet. Le titre emprunté à Marcel Proust vient augmenter la dimension mémorielle de ces images.
Un lien symbolique que prolonge le lieu d’exposition, siège de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, qui accueillit le 22 mars 1895 la projection de « photographie animée » des frères Lumière, considérée comme le premier film de l’histoire. La Société d’encouragement, fidèle à ses liens avec l’image, est à l’initiative de la création en 2018 du Prix Étudiant de la Photographie Industrielle.