Performance en laboratoire développée à quatre mains par Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche, Les intermittences du coeur sont une série d’épreuves chromogènes tirées à partir d’autochromes originaux, par définition irreproductibles. Par delà le défi technique que représentent ces grands tirages analogiques couleur, le binôme joue sur la magie de la révélation à plus d’un titre, exaltant d’intimes rapports à l’image. Une folle aventure photographique, à l’instar de celles qui ont construit l’Histoire de la photographie depuis ses origines, entre invention et passion.
« Le projet de Laroche et Rabichon n’est pas seulement de l’ordre d’un défi ; il procède d’un véritable détournement de la nature canonique du photographique, tant le fait de créer un négatif à partir des autochromes est proprement contre-nature. C’est générer une stase, ajouter une étape à l’histoire d’un mode qui se voit soudainement augmenter, de façon quasi iconoclaste, par la fabrication d’un artefact. Un négatif potentiellement réutilisable – un « multiple », en quelque sorte. Si quelque chose de subversif est à l’œuvre dans cette manière dont les deux photographes ont abordé la réalisation de cette série, leur posture s’inscrit pleinement dans la tradition d’un Man Ray quand il invente les rayogrammes ou d’un Paolo Gioli, combinant pellicule Polaroïd, sténopé et report sur papier. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », proclamait en son temps Lavoisier. Le principe même de la création trouve dans cette formule toute sa justification et Les Intermittences du cœur en sont une nouvelle illustration. »
[extrait – Les Intermittences du cœur, la photographie en question par Philippe Piguet – septembre 2020]
– – –
A laboratory performance developed by Baptiste Rabichon and Fabrice Laroche, Les intermittences du cœur is a series of chromogenic prints made from original autochromes, by definition irreproducible. Beyond the technical challenge represented by these large analog color prints, the duo plays on the magic of revelation in more ways than one, exalting intimate relationships with the image. A crazy photographic adventure, like those that have built the history of photography since its origins, between invention and passion.
Laroche and Rabichon’s project is not only a challenge; it proceeds from a real detour of the canonical nature of photography, so much the fact of creating a negative from autochromes is properly unnatural. It is to generate a stasis, to add a stage to the history of a mode which is suddenly increased, in an almost iconoclastic way, by the manufacture of an artifact. A potentially reusable negative – a « multiple », as it were. If there is something subversive at work in the way the two photographers have approached the realization of this series, their posture is fully in the tradition of a Man Ray when he invented rayograms or of a Paolo Gioli, combining Polaroid film, pinhole camera and transfer to paper. « Nothing is lost, nothing is created, everything is transformed », Lavoisier proclaimed in his time. The very principle of creation finds in this formula all its justification and The Intermittences of the heart are a new illustration.
Philippe Piguet, excerpt of Les Intermittences du cœur, la photographie en question, September 2020