Face à la surabondance des images, Lisa Sartorio se retient de photographier. Depuis 2012, elle recycle celles déjà existantes. Son travail interroge dès lors le paradoxe de leur hyper-reproductibilité, qui conduit à l’oubli des contenus et à la perte du sens de ce que l’on voit. Dans ses précédentes séries, “X puissance X” et “L’écrit de l’Histoire”, la reconfiguration d’images médiatiques en motif abstrait ou paysagé marque un tournant dans sa pratique avec, pour enjeu, l’éveil d’une conscience du regard.
Dans la continuité de cette démarche d’artiste appropriationniste, Lisa Sartorio s’empare d’images au contenu historique et explore les formes d’effacements, ruines et défigurations, générées par les guerres et les conflits. L’exposition « Faire surface » présente l’aboutissement des recherches menées ces trois dernières années sur la photographie comme lieu et objet de mémoire, et dont la force plastique se traduit dans la matière même des photographies. Déchirures, décollements et modelages de la surface des tirages, découpages et empilements sont autant de gestes développés au sein de quatre nouvelles séries : un travail sur l’épaisseur de l’image, allant jusqu’à dresser de véritables sculptures photographiques.