Laurent Millet associe depuis près de 25 ans sa pratique de la photographie à d’autres médiums comme la sculpture, l’installation in situ et le dessin. Hybrides, ses œuvres sont formellement hors du temps en réactivant des procédés primitifs de tirages, tels le cyanotype et la gomme bichromatée, qui brouillent la distinction entre photographie et dessin. Un dialogue entre les deux mediums que la Galerie Binome développe dans deux expositions consacrées à l’artiste, Jardin d’après nature, du 29 février au 4 mai, et Vanités géométriques au salon Drawing Now du 21 au 24 mars 2024.
« Jardin d’après nature » : un tel titre, quelque peu paradoxal, suggérant l’idée d’extraire quelque chose de la réalité, d’isoler, de magnifier peut-être, de préserver, de redessiner, établit un lien entre les trois séries de Laurent Millet ici exposées. Hespérides (2023), Brion Vega, hommage à Scarpa (2020) et Schloss Im Wald zu Bauen (2012) évoquent la nature. Il s’agit pourtant à chaque fois d’une nature que l’on ne pourra ni habiter, ni même toucher. Elle échappe à notre prise, mais s’incarne et vit dans les images. Chacune des œuvres offre ainsi à notre regard un monde complet, quoique singulier. Nous nous tenons devant elles comme sur un seuil, face à un lieu infiniment désirable.
[extrait] texte d’exposition par Anne Malherbe, commissaire d’exposition indépendante et critique d’art AICA
Galerie Binome is devoting a two-part presentation to artist Laurent Millet: the exhibition Jardin d’après nature from February 29, and Vanités géométriques programmed as part of the Parallaxe itinerary at Drawing Now from March 21 to 24.
« Jardin d’après nature »: such a somewhat paradoxical title, suggesting the idea of extracting something from reality, isolating, perhaps magnifying, preserving, redrawing, establishes a link between Laurent Millet’s three series on show here. Hespérides (2023), Brion Vega, hommage à Scarpa (2020) and Schloss Im Wald zu Bauen (2012) all evoke nature. In each case, however, it’s a nature we can neither inhabit nor even touch. It escapes our grasp, but is embodied and alive in the images. In this way, each work offers our gaze a complete, albeit singular, world. We stand before them as if on a threshold, facing an infinitely desirable place.
[excerpt] exhibition text by Anne Malherbe, independent curator and AICA art critic