Dans une exploration de la photographie sous toutes ses formes, Baptiste Rabichon produit des images mixtes, nées de la confrontation entre deux contraires : argentique/numérique, positif/négatif, abstrait/ figuratif, empreinte/représentation, geste hésitant de la main/froideur mécanique de la machine… Combinant composition et enregistrement, l’artiste travaille dans l’obscurité totale du laboratoire photo, dans cet état particulier, entre extrême concentration et lâcher prise. Il découvre autant qu’il fabrique; c’est la raison du caractère prolifique de son travail. Afin d’accéder à de nouvelles images du monde, Rabichon met en place des outils et des protocoles complexes. Mais cette complexité de fabrication n’est pas seulement due aux techniques utilisées, elle résulte de la complexité même des choses. Si la photographie peut représenter ce que l’on voit du monde pendant un instant, peut-elle en représenter notre expérience ? Expérience qui ne se limite ni à la vue, ni à l’instant. C’est dans cet « habile conflit » avec la technique que Baptiste Rabichon se soustrait à son emprise ; ses manipulations sont autant de grains de sable dans les rouages de la photographie et c’est dans le plaisir de la perturber en son sein, par la liberté du geste, qu’il la rapproche de la vie.
Dans Blue Screen of Death, présenté pour la première fois à l’occasion d’a ppr oc he, Baptiste Rabichon nous propose une singulière actualisation du geste primaire de l’empreinte photographique (photogramme) revisitée à l’aune de notre rapport compulsif à la technologie. En dialogue, les diptyques Chirales (2019) qui combinent abstraction picturale numérisée et images auto-générées par deux scanners de bureau, rendent compte de ses recherches protéiformes sur le médium photographique et de la combinaison de gestes au cœur de tout son travail.
In an exploration of photography in all its forms, Baptiste Rabichon creates mixed images, born from the confrontation between two oppo- sites: silver/digital, positive/negative, abstract/figurative, imprint/repre- sentation, hesitant hand gesture/mechanical rigidity of the machine… Combining composition and recording, the artists works in total darkness within the photo lab, in this particular state between extreme concentration and letting go. He discovers as much as he makes; this is the reason of the prolific character of his work. In order to access new images of the world, Rabichon sets up complex tools and protocols. But this complexity of fabrication is not only due to the techniques used, it results from the very complexity of things. If photography can represent what we see of the world for an instant, can it represent our experience of it? Experience that is not limited to the view, nor to the moment. It is in this “skilful conflict” with technique that Baptiste Rabichon withdraws from its influence; his manipulations are as many grains of sand in the cogs of photography and it is in the pleasure of disturbing it within, through the freedom of gesture, that he brings it closer to life.
In Blue Screen of Death, presented for the first time at a ppr oc he, Baptiste Rabichon proposes a singular updating of the primary gesture of the photographic print (photogram) revisited in the light of our compulsive relationship to technology. In dialogue, the diptychs Chirales (2019), which combine digitized pictorial abstraction and images auto-generated by two desktop scanners, reflect his protean research on the photographic medium and the combination of gestures at the heart of all his work.