Deuxième exposition monographique de Thibault Brunet à la Galerie Binome, « Répercussions » présente les dernières productions de l’artiste. En dialogue avec la série Typologie du virtuel, lancée en 2014, la sélection dévoile deux autres séries inédites, Curiosité & Territoires circonscrits.
Thibault Brunet a pris acte de la dilution du réel dans le virtuel et de la photographie dans l’image de synthèse. C’est pourquoi le photographe recourt naturellement à des outils, des dispositifs et des protocoles de l’ère numérique autres que l’appareil photographique. Ses premiers travaux, Vice City (2007-13), Landscape (2009-12) et First Person Shooter (2008-13), réunissaient ainsi des images prises par son avatar à l’intérieur de jeux vidéo. Parmi les trois séries présentées aujourd’hui dans l’exposition Répercussions, seule Curiosité (2015, titrée en hommage au robot Curiosity qui explore la planète Mars) entretient un rapport avec cet univers. Mais il est distant : c’est grâce à un logiciel de construction de jeux vidéo que Thibault Brunet a élaboré aléatoirement ces paysages dont le noir et blanc s’empresse de rompre avec l’esthétique vidéo-ludique pour se conformer davantage aux images de la NASA qu’il recevait sur Twitter. Par opposition à ces paysages artificiels, Typologie du virtuel (2014) comprend trente-six bâtiments modélisés en 3D par des utilisateurs de Google Earth et extraits de leur environnement par l’artiste tandis que les paysages de Territoires circonscrits (2015) sont réalisés sur place, mais avec un scanner. Ultraperfectionné, il scanne à 360 degrés et jusqu’à 120 mètres. Il convertit la zone scannée en un disque virtuel dans lequel l’artiste choisit un point de vue pour « prendre » sa photographie. Sa marque, Leica, devient symbolique dans ce contexte post-photographique de prolongement de la photographie par d’autres moyens …
[texte-extrait] Répercussions, Étienne Hatt, 2015