Laurent Lafolie, Phainesthai (détail), 2016, courtesy Galerie Binome

Phainesthai

solo show

07/​10 - 27/​10/​2016

La Gale­rie Binome présente pour la première fois une expo­si­tion mono­gra­phique de l’ar­tiste fran­çais Laurent Lafo­lie. L’ex­po­si­tion Phai­nes­thai traverse ses cinq dernières années de recherche sur l’image, menées très souvent lors de rési­dences photo­gra­phiques réali­sées en France et à l’étran­ger (Islande, Indo­né­sie, Corée du sud).

À l’ex­cep­tion de Méto­ny­mies, stra­ti­fi­ca­tion de photo­gra­phies de paysages, tout se ramène appa­rem­ment au portrait. Et pour­tant, là n’est pas vrai­ment le propos. Dans l’ordre de prédi­lec­tion, Laurent Lafo­lie adopte l’image comme sujet et le visage comme objet, support d’ex­pé­ri­men­ta­tions plas­tiques. Photo­graphe, égale­ment connu comme un des meilleurs tireurs de sa géné­ra­tion, il pousse le choix des supports (washi, calque, verre, soie) et des proces­sus de tirage (contact, platine, impres­sion UV, encre au char­bon) au rang d’en­jeu artis­tique. La fabri­ca­tion de la chimie fait conti­nuel­le­ment l’ob­jet de recherches et de perfec­tion­ne­ments. Au gramme près, il sait ainsi jouer du poids de l’encre sur la surface du papier pour lui donner une forme, l’in­cur­ver ou le faire réagir au bras­sage de l’air provo­qué par les mouve­ments du spec­ta­teur. De plus en plus ténus – 20g/​m2 pour le washi utilisé dans la série Phai­nes­thai, 15g/​m2 pour la soie dans la dernière série Ab-, les supports parti­cipent plei­ne­ment au déve­lop­pe­ment de sa philo­so­phie : l’éva­nes­cence, dispa­ri­tion graduelle et progres­sive d’une exis­tence, sous-tend l’ap­pa­ri­tion de quelque chose d’autre…

À partir de cette réflexion, Laurent Lafo­lie aborde la notion d’iden­tité par le prisme de l’in­time (Ab-), la dualité (/​o.sti’.na.to/), ​l’image de soi et la recons­truc­tion (Phai­nes­thai, Ɏ et Méto­ny­mie I), à laquelle il asso­cie le rapport au temps, notam­ment dans ces travaux effec­tués à partir d’images d’ar­chives (1956 et Per/​son), préci­sant alors la dispa­ri­tion dans le cadre d’une mémoire à la fois indi­vi­duelle et sociale.

Ces projets ont encore pour point commun d’uti­li­ser la trans­pa­rence ou l’in­vi­si­bi­lité comme point de fuite du regard du spec­ta­teur. Les dispo­si­tifs de présen­ta­tion jouent quant à eux sur l’agen­ce­ment et la dispo­si­tion des images : suspen­sion et super­po­si­tion, inver­sion, cumul et report au sein de boîtes-tableaux, sculp­tures et instal­la­tions. Laurent Lafo­lie crée des objets photo­gra­phiques, dont le spec­ta­teur, par ses dépla­ce­ments autour et face aux œuvres, en modi­fie la lecture. En écho avec les mouve­ments inté­rieurs produits en nous, il propose un rapport physique, senso­riel et tactile à l’image. Ses œuvres se déploient par paliers, d’une approche frag­men­tée à une vision englo­bante, du cadre à l’es­pace d’ex­po­si­tion.