Mustapha Azeroual – La Photographie à l’épreuve de l’abstraction

Exposition collective
27/09 – 13/10/20
Centre photographique d’Ile de France

Le CPIF, le Frac Normandie Rouen et Micro Onde – Centre d’art de l’Onde s’associent pour proposer La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, un programme de trois expositions, présentées simultanément, consacré à la problématique de l’abstraction dans le champ de la photographie contemporaine.
Au CPIF, où se déploie une approche sensible et formelle, le visiteur entre dans l’exposition par la couleur. L’accrochage prend notamment comme matrice la décomposition chromatique du spectre lumineux pour aborder une pluralité de démarches qui visent à renouveler le rapport au visible.
[ Extrait ] texte de présentation de l’exposition La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, CPIF, 2020

‘la Photographie à l’épreuve de l’abstraction’, CPIF,
Mustapha Azeroual, Vue d’exposition La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, CPIF, 2020
Radiance#6, 2019, courtesy Galerie Binome

Chez Mustapha Azeroual, la photographie permet de matérialiser la lumière. Cette recherche de ce qui est invisible à l’œil nu est le fil conducteur de son travail. Pour lui, la photographie est le médium de l’abstraction, puisqu’elle échoue à représenter le réel. Sa série Radiance et ses Monades sont pensées comme de véritables expériences de la perception. Radiance est un inventaire sensible de la couleur de la lumière au lever et au coucher du soleil. (…)
Après avoir photographié à la chambre ces moments particuliers de la journée, il rassemble numériquement les négatifs. La superposition des images métamorphose alors le paysage en une image aux couleurs vibrantes et multiples qui diffère selon l’angle de vue et le déplacement du spectateur.

‘la Photographie à l’épreuve de l’abstraction’, CPIF,
Mustapha Azeroual, vue d’exposition la Photographie à l’épreuve de l’abstraction, CPIF, 2020
Monade, série Echo#1, 2019, courtesy Galerie Binome

Pour ses Monades, l’artiste a recours au flash et au procédé de la gomme bichromatée, qui au XIXe siècle avait été largement utilisé par les pictorialistes. Cette technique laissait en effet une grande place à l’interprétation personnelle, en rendant visible la « main » du photographe. Ici, le spectateur fait face à une sorte d’aura, mais qui ne doit pourtant pas faire oublier l’action violente de la lumière sur le papier, puisque c’est elle qui le brûle en son centre. Issu de la génération digitale, Mustapha Azeroual fait partie des artistes qui « réinitialisent » la photographie selon Michel Poivert. Sa pratique artistique réinterroge les procédés anté numériques, aujourd’hui rejoués pour leur dimension poétique et significative sur l’essence du médium photographique.
[ Extrait ] du dossier de presse de l’exposition La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, CPIF, 2020

‘la Photographie à l’épreuve de l’abstraction’, CPIF,
Mustapha Azeroual, vue d’exposition la Photographie à l’épreuve de l’abstraction, CPIF, 2020
Radiance#6, 2020, courtesy Galerie Binome

La série Radiance s’intéresse à l’enregistrement de la couleur en photographie, partant du présupposé que le photographe n’a qu’un contrôle limité sur les couleurs qu’il enregistre et restitue. Pour Mustapha Azeroual, il s’agit notamment d’aborder ce processus photographique comme phénomène, comme un élément autonome et mouvant, dans lequel le point de vue du spectateur, au sens spatial et sensible du terme, joue un rôle prépondérant.
Chacune des œuvres que compose Radiance a ainsi pour ambition de créer une archive de la lumière, et par extension de la couleur. Prenant la forme d’inventaires sur support lenticulaire, ces études de la lumière s’effectuent dans une unité de lieu : Radiance#2 (2014) fut réalisé en France, Radiance#5 (2016) en Islande, enfin Radiance#6 (2019) au Maroc, où l’artiste a vécu et travaillé deux ans. Le rapprochement des trois œuvres met en évidence la singularité des phénomènes lumineux et les contrastes de percep­tion entre ces zones géogra­phiques, du Grand Nord à l’Afrique.
De cette manière, l’œuvre Radiance déborde la notion d’instant photographique, associé à l’image unique, pour aborder la séquence dans les images en mouvement. Une expérience du temps, que Mustapha Azeroual conjugue à l’expérience de la lumière comme synthèse des couleurs. Tels ces points d’acme de la lumière à l’aube et au crépuscule, Radiance rejoint la sensation, une image-expérience étirée à l’infini.